15 décembre 2010

C'est la vie


C'est toujours la même chose. Il fait trop chaud, je n'arrive pas à dormir alors je me retrouve inlassablement ici, à écrire des suites de mots. Et je réécoute ces chansons qui ont dessiné ma vie, remplaçant un visage par un autre, plus beau, plus tolérant et plus aimé.

C'est la vie, grand marché d'apocalypse.

Le philosophe se décrédibilise auprès des hommes modernes qui ne croient pas en son délire. L'éternel retour est une légende : il y a des chaleurs remplies de désir et d'attente. Il y a des allers et retours et des bonheurs qui reviennent après tant d'absence.

Cette nuit je ne dors pas car je suis fébrile.

Grand marché d'apocalypse.


Lo'Jo - C'est la vie


25 novembre 2010

Le plus beau ?


Aujourd'hui, mon anniversaire a 4h de plus que d'habitude.

J'ai reçu un bouquet de fleur, c'était la première fois. Il m'a rendue folle d'amour bien que je l'étais déjà. Il a ancré mes certitudes au plus profond de moi. Le doute ne me fait pas exister plus intensément, jamais, non.

Ce jour à l'étranger était forcément plein de mots. Et un chiffre. 24, dans les deux sens qu'on peut lui attribuer aujourd'hui. Celui de la construction de mon être, toujours par étape, celui de l'amour, qui se double du 7.

Des mots, des mots, des mots, dans ma langue, dans la leur, dans la nôtre. Ca m'a fait un bien fou, et les certitudes toujours plus ancrées. La certitude, en réalité. C'est la seule à qui j'accorde ma foi. Quand je te vois, j'ai l'impression que Dieu a existé. Mais je ne veux pas être ingrate.

Puis la surprise, parmi tant d'autre. Un anniversaire c'est beau, c'est surprenant à l'infini. On oubli toujours l'impression que cela fait et on la retrouve avec plaisir. J'ai été surprise par ces mots, par ces gens qui arrivent comme cela, sans prévenir, dans un rire, par cette conversation, celle que j'attends à chaque fois.

Le plus beau ?
Je ne sais pas ...

19 novembre 2010

Mais les gens des banlieues sont des Français comme les autres.

Dans le Guardian, vous avez publié un point de vue à propos des grèves en France, intitulé «Pourquoi ne protestons-nous pas contre les mesures d'austérité comme le font les Français ?». Cependant, malgré la forte mobilisation en France, la loi sur les retraites a bel et bien été votée...


Certes, mais je ne crois pas pour autant que vous ayez perdu la guerre. Une bataille, certes. Mais la guerre continue. Et vous êtes armés pour affronter la réaction. C'est un héritage de l'histoire de France, brillante, unique en Europe. C'est 1789. Nicolas Sarkozy, qui est tellement stupide, éructait pendant sa campagne qu'il fallait éradiquer l'héritage de Mai 1968. Mais il se trompe : l'héritage de 1968, c'est aussi celui de 1789. Les barricades, les tout jeunes qui se regroupent dans la rue... C'est une force incroyable, ce sens de l'histoire enraciné en chacun de vous. C'est ce qui fait que le libéralisme ravageur, qui produit des crises comme celle que l'on traverse, et que l'on tente encore de nous faire avaler, ne pénétrera sans doute jamais tout à fait en France.

À part Sarkozy, votre pays ne fonctionne d'ailleurs pas si mal. Je ne suis pas d'accord avec les interprétations que l'on fait des émeutes des banlieues en 2005. Les politiques et les médias dominants ne voient que l'aspect sécuritaire, l'immigration, tout ce blabla infantile et dangereux. Au contraire, je trouve tous ces gens parfaitement intégrés, l'aspect économique mis à part, évidemment, qui reste le nœud du problème. Mais les gens des banlieues sont des Français comme les autres. Et la meilleure preuve, c'est qu'ils ont parfaitement intégré les formes de protestations qui ont traversé l'histoire de France, les barricades, les manifestations, brûler des voitures, comme en 1789, 1871, 1968, 1995, 2005, etc. Des moments qui font que le monde entier continue d'admirer votre pays. En Angleterre, les jeunes ne réagissent pas comme cela, parce qu'ils ont intégré les différentes acceptions de la société britannique. Pour protester, ils adhèrent à des mouvements, ou à des partis.

Tariq Ali sur Médiapart

11 novembre 2010

Vem ca, me da sua lingua






Mon amour, nous ne sommes pas seuls, il y a un monde qui nous attend, dans l'infini du ciel bleu, il y a peut-être de la vie sur Mars. Alors viens là, donne moi ta langue, viens je veux te serrer contre moi. Mon amour, nous allons vivre la vie, alors viens, sinon je vais perdre qui je suis.



07 novembre 2010

Allers et retours


Il me manque tellement
que lorsque vient l'heure de dormir
mon corps se refuse au sommeil
et décide d'attendre le sien
là où l'image me reste
et me retient.

Je ne veux perdre aucune minute de mes nuits !
Mais je redoute le lever du soleil,
la journée vide qui lui succède,
l'absence de faim.

Je redoute le lever du soleil,
les réveils solitaires qu'il charrie
dans la chaleur d'un Brésil
étranger
parfois triste.

Toujours lointain.

06 novembre 2010

La France aux Français


Au début, en arrivant au Brésil, j'ai voulu me fondre dans la masse, j'ai voulu que personne ne sache que je n'étais pas d'ici.


Un jour, ma colloc portugaise m'a dit "toute une vie ne suffirait pas à te faire ressembler à une brésilienne, je serai toujours plus brésilienne que toi". J'ai eu deux réflexions à ce sujet. Je me suis d'abord demandé si le fait que je m'intéressais beaucoup plus à la politique brésilienne et à l'avenir de ce pays faisait de moi une brésilienne plus authentique qu'elle qui savait adopter les comportements, les attitudes et la langue d'ici avec beaucoup plus d'aisance que moi. Ensuite je me suis dit que je ne voulais plus paraître brésilienne, que ma volonté de m'intégrer n'allait pas jusqu'à ressembler à ces gens, jusqu'à penser comme eux, jusqu'à agir et parler comme eux. Et je me suis rendue compte que j'adorais ce sentiment d'appartenance et que j'étais heureuse d'appartenir à ce pays, la France, que j'étais même heureuse de toutes les contradictions qui y habitaient. Je ne sais pas encore comment exprimer cela. Aimer les contradictions de la France ça veut aussi dire aimer la présence des gens qui lui font du mal. Vue de l'extérieur la profondeur des problèmes français me plaît, c'est comme lorsque quelqu'un me dit : "J'aime bien quand tu t'énerves, ça te donne du caractère". On peut applique la même chose pour un défaut quelconque, une cicatrice sur le visage, un nez cassé, une façon de parler un peu trop fort ... J'ai un peu de mal à dire que j'aime toute cette clique de pseudo hommes politiques, tous ces fascistes qui hantent les rues de Lyon mais j'aime le fait qu'ils nous provoquent, nous la France, et surtout, j'aime ce que, en face, nous créons. J'aime cette résistance qui existe en France et que je ne retrouve pas au Brésil. Alors oui, il y a des choses qui font honte en France mais ce n'est pas la France qui me fait honte. La France, c'est ce qu'on m'a appris dans ma classe de CM1 ou de CM2, entre plein de gamins de la deuxième ou de la troisième génération comme on dit (d'ailleurs, une jeune néo-zélandaise d'origine chinoise m'a appris qu'on disait la même chose dans son pays). Et si je comprends un peu ceux qui veulent la fuir parce qu'ils la trouvent laide, je l'aime parce qu'elle me donne ma place pour y lutter, y vivre et y aimer.


Garder cela en tête, avoir envie de le retrouver et s'ouvrir au reste du monde. J'ai reçu une grosse claque qui m'a enlevé toute ma tristesse. Je n'ai pas encore trouvé tous les mots pour la raconter. Mais mon esprit qui gardait quelques portes fermées s'est un peu plus ouvert. Mais on peut concevoir la vie sans politique, et je n'ai pas à juger cela. J'ai juste à choisir.


01 novembre 2010

Il n'y a pas de moment merveilleux



5 octobre 2010



Il n'y a pas de moment merveilleux, il n'y a que des regards émerveillés. Je suis arrivée au Brésil en y étant résolument prête sans m'y être préparée. C'était l'heure, je crois que j'en avais besoin. Besoin de partir, de voir du pays, de mettre des images sur les mots de mon enfance. Mais je ne savais même pas ce que passer quelques semaines dans un pays étranger, ce que passer quelques semaines sans sa famille voulait dire. Personne ne m'avait jamais appris ! J'étais modeste dans mes ambitions et dans ma condition. Le choc n'a pas été brutal, la douleur est arrivée en douceur. Elle est arrivée après l'allégresse du voyage, quand les choses se posent et avant que cette terre ne m'adopte. Elle a été lancinante plus que foudroyante et elle m'a donné une énergie folle. Mes derniers mois en France m'ont appris à ne pas aimer la douleur.

La question qui s'est posée depuis mon arrivée a toujours été la même, toujours la même peur en réalité. Est-ce que c'est bien moi qui vit ? Est-ce que j'absorbe ce qui m'entoure de la bonne manière, comme ce que je suis est censé le faire ? Mais je n'oublie pas qu'il y a des hommes, et beaucoup de femmes, et des enfants sans doute aussi, qui ont passé des années à se demander si le sujet n'est pas qu'une succession d'impressions, une succession d'états plus qu'un être permanent. J'ai déjà écrit et pensé que mes derniers mois en France m'avaient rendue à moi-même. Est-ce que la définition était construite ?

Ce qui est certain, je l'affirme ici : moi-même, c'est le bonheur, l'énergie et la paix. Au moins par choix, car je le décide (c'est l'une des choses que j'ai apprise à ce moment là ; mêler le destin au libre arbitre).

Une fois arrivée ici, j'ai eu une espèce de réflexion rétrospective, et ce que j'ai trouvé étrange c'était d'avoir du partir alors même que je venais d'atteindre, en France, un degré de réalisation de ma personne presque total. Je n'avais pas seulement touché le bonheur, je l'avais saisi à deux mains et malaxé jusqu'à ce qu'il s'adapte parfaitement à moi, au dessin de mon corps et aux courbures de mon esprit. J'ai du changer presque radicalement ce qui m'entourait et recommencer, reconstruire, m'habituer à une autre réalité. Arrivée au Brésil, j'ai remarqué que cette fois-ci, l'adaptation ne se faisait pas aussi rapidement, pas aussi facilement qu'en avril dernier. Ca m'a beaucoup déçue. Je crois en fait que ce que je laissais derrière moi était autrement plus immense et plus précieux.

Mais la précipitation de ces changements s'explique peut-être. A voyager trop vite (de nos jours, en avion, une heure suffit à épuiser 1 000 kilomètres de distance), les printemps perdent leur vrais intervalles. J'aurais vécu en six mois deux printemps, et la fin des hivers.

02 octobre 2010

Techari

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Terre, pourquoi as-tu attendu si longtemps pour m'accepter ?

Il y a eut un instant saisissant où je l'ai sentie. Mon corps entier et mon esprit ont saisi les signes et l'empreinte de cette terre s'est posée sur eux, m'a remplie. J'ai compris la question, j'ai compris les symboles. J'ai saisi la poésie du lieu et vers où chercher les réponses.

Tout endroit est une quête. Et ici, il y a cette odeur de vie.

Maintenant quand je contemple l'Atlantique, je sais qu'au loin ce n'est pas l'Europe, c'est l'Afrique.

(Et ces peaux noires et rouges qui entre seize et dix-sept heures, quand le pays est merveille, me fascinent et me rappellent à lui.)

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23 septembre 2010

"Du monde entier au coeur du monde"

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Pourquoi est-ce que je reste là, à moitié triste, à moitié endormie, à regarder derrière, à penser au lointain ? Pourquoi est-ce que ce soir ce que j'aime me donne-il la nausée, remplit mon souffle de rage ? Pourquoi est-ce que les images dorées et vertes que j'avais en tête se sont-elles éteintes dans ce bout du monde ? Je n'ai trouvé personne d'extraordinaire. Pas de discussions qui n'en finissent plus, pas de révélations sur le sens de la vie ou son absence, pas de passion ni d'éclat. Dans cette ville perdue ce ne sont pas les hommes qui me consolent, c'est la mer absolue. Il faudrait se fondre, se fondre dans la mangrove et ce qu'elle crée. Retrouver la création comme l'ancien le disait.

Je chemine moi qui avait trouvé le bonheur. Je chemine encore à sa recherche.

Parfois, je sais que j'ai tort mais je m'obstine en pensant à un futur qui semble de plus en plus décousu, à chaque jour qui passe. Toute ma vie, je me suis obstinée, toute ma vie, j'ai eu besoin de tremblements de terre, pour me réveiller.

Je ne sais pas quand arrivera le prochain, je ne crois pas aux sismographes. Je guette les trains dans ce pays sans chemin de fer, je perds mes heures le jour, me réveillant la nuit.

Et j'attends le voyage.


Toujours les mêmes philosophes, toujours les mêmes poètes.
Toujours le même amour et toujours les mêmes rêves.

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26 août 2010

Attention fragile


Au début, je n'ai pas voulu dire, je gardais le silence. Il ne saura rien car tant que je ne prononce pas les mots fatidiques, les sentiments ne naissent pas à l'intérieur de mon corps. Et celui-ci n'est qu'un réceptacle au plaisir, pendant un temps.

Je ne dévalerai pas la pente.

Il a posé la main sur moi, j'ai senti les ondes de son être me pénétrer. Entre deux phrases à peine intéressantes, dans la pénombre de sa chambre et sur le bord d'une route, il m'a fait plonger. Au début j'ai refusé. Au début je n'ai pas voulu user du verbe.

Puis j'ai faibli. J'ai laissé les mots s'échapper de leur prison que ma bouche renfermait. J'ai pensé "allons-y". Car malgré les apparences il est sage, malgré les apparences. Les apparences ne peuvent pas lui survivre, il est trop sincère face au monde. C'est ce qui fait que je suis là. A l'intérieur de lui, derrière ses paupières, c'est un univers, sans fond et complexe. Son être est poétique. Poétique dans sa discrétion. Et lui est stable.

Il s'est trouvé il y a longtemps entre des mots et des douleurs.

Ce prénom qu'il n'aime pas, il me rappelle un autre temps.

J'ai prononcé un semblant de formule magique. Il me l'a ôtée des lèvres ; elles avaient peur du frémissement. Mais ce n'est pas tout, j'ai modelé la réalité, j'ai pris un engagement.

Maintenant qu'il s'est inséré en moi, j'ai tissé le lien, et j'y ai mis de la magie et du mystère. J'ai peut-être fait cela un peu trop vite, dans la précipitation de mon départ. Je ne peux pas tout lui dire de ce côté-ci de l'océan. J'ai peut-être fait cela un peu trop vite, trop mal taillée la plume et le poème trop enivrant.

Mais ce prénom qu'il n'aime pas me rappelle un autre temps.

08 août 2010

29 juin 2010

Je laisserai le lit comme il l'a laissé

Un peu triste ce soir
car comme toutes les nuits
je vois la date qui prend un jour
je vieillis en attendant
le départ
et je redoute
l'au revoir.


Puis bien sûr pour la bande originale on ne fait plus vraiment dans l'original.

24 juin 2010

Ô mon amour emporte-moi !


Toutes ces paroles, toutes ces notes
que je connaissais
trouvent aujourd'hui leur illustration.


Le Nouveau Monde


C'est troublant
mais je me sens calme
et reposée.

Je n'ose pas exprimer les mots exacts de peur d'être incomprise. Mais le réveil est tellement ensoleillé ; je suis à des années lumières de ma tristesse des jours passés. Ils sont désormais bien lointains.

Et surtout,
surtout,
je recommence à croire.

L'amour me rend à moi même, dans la peau du barbare.


(Je te remercie en silence à chaque seconde)

17 juin 2010

Tu es plus belle que le ciel et la mer

.
Quand tu aimes il faut partir
Quitte ta femme quitte ton enfant
Quitte ton ami quitte ton amie
Quitte ton amante quitte ton amant
Quand tu aimes il faut partir

Le monde est plein de nègres et de négresses
Des femmes des hommes des hommes des femmes
Regarde les beaux magasins
Ce fiacre cet homme cette femme ce fiacre
Et toutes les belles marchandises

II y a l'air il y a le vent
Les montagnes l'eau le ciel la terre
Les enfants les animaux
Les plantes et le charbon de terre

Apprends à vendre à acheter à revendre
Donne prends donne prends

Quand tu aimes il faut savoir
Chanter courir manger boire
Siffler
Et apprendre à travailler

Quand tu aimes il faut partir
Ne larmoie pas en souriant
Ne te niche pas entre deux seins
Respire marche pars va-t'en

Je prends mon bain et je regarde
Je vois la bouche que je connais
La main la jambe l'œil
Je prends mon bain et je regarde

Le monde entier est toujours là
La vie pleine de choses surprenantes
Je sors de la pharmacie
Je descends juste de la bascule
Je pèse mes 80 kilos
Je t'aime

Blaise Cendrars, Feuilles de route, 1924

.

13 juin 2010

"Je sais que je vais vivre"

.

Même si tout s'achève un jour, même si l'été arrive et qu'il est plein de promesses, le printemps qui prend fin était brûlant. Il restera dans les annales de mon bonheur. J'ai retrouvé la force, j'exprime mon être, je suis amoureuse, je ris, je danse et j'aime.

My baby came down from Romania
Ha táncolok, szikrát szórok*


C'est ma tante qui disait que tous les moments forts de sa vie s'apparentaient à de la musique. Bien entendu, il en va de même pour moi. Le ciel n'est pas bleu tous les jours mais le bonheur est là. Vous pouvez rester sous mon parapluie, tous. Et ...

When the sun shines we'll shine together !


Mais nous brillons déjà !

____

* "Quand je danse, je fais des étincelles", Beata Palya.

07 juin 2010

Siempre la misma cancion

17



Vous allez être mis en relation avec les services de p ...

"Allo ?

Bonjour, je viens d'assister à l'agression d'une femme par son mari dans la rue ... à l'arrêt de bus ...

Très bien. Maghrébins, européens ou noirs ?

Pardon ? La femme est bonde ...

Ah, européens donc.

(...)

Ok, nous allons appeler les pompiers.

Je peux vous poser une question ?

Allez-y.

Est-il normal de m'entendre demander si l'agresseur est noir, européen ou maghrébin ? Ce sont des caractéristiques raciales ou ethniques qui n'ont pas à être renseignées en France.

Oh non ! Ce ne sont que des renseignements pour pouvoir identifier les personnes concernées, il n'y a rien de racial là dedans."




Nicolas qui ? Nicolas police ...




04 juin 2010

Sans histoire


"Israël est une femme sans histoire qui raconte des histoires coloniales. Madame a fait souffrir le monde, madame fait encore souffrir le monde. Israël est une femme sans histoire qui se mure et se cache derrière Tsahal."





Gaza 1993, children holding toy guns in the air, Larry Towell





"Le monde arabe est un homme sans histoire qui raconte des histoires féodales, ce n'est qu'un monde qui fait bande à part, monsieur veut couper les arabes du monde. Il noie le poisson dans du pétrole et prêche le poison en terre d'Islam."


** Amazigh Kateb
, Sans histoire


_______________



"Esplanade des Mosquées. L'entrée est gardée par des policiers israéliens qui font un premier filtre puis par des policiers palestiniens qui demandent : "Y a-t-il des juifs parmi vous ? L'entrée de la mosquée n'est autorisée qu'aux musulmans et aux chrétiens." Un silence.


(...)


Le Guide : Cette mosquée a été édifiée au VIIè siècle par le calife Omar. Quand il est rentré à Jérusalem, le patriarche byzantin l'a prié de faire sa prière dans le Saint-Sépulcre, mais notre seigneur Omar, ne voulant pas porter atteinte à l'église des chrétiens, a choisi cet endroit pour ériger sa mosquée.

Le Touriste : Qu'est-ce qu'il y avait là, sur cette esplanade, avant l'arrivée des musulmans ?

Le Guide : Il n'y avait rien.

Le Touriste : Pourtant l'histoire dit que ...

Le Guide : L'histoire ne dit rien. Ecoute moi, il faut que tu saches que cette mosquée est là depuis la nuit des temps. La preuve, tu vois la petite église qui se trouve là en face sur le mont des Oliviers ? C'est là qu'habitait Marie, la mère de Jésus. Tous les matins, elle traversait la vallée du Cédron pour venir travailler comme femme de ménage ici à la mosquée et, le soir, elle rentrait tranquillement chez elle."


"L'intégrisme commence quand l'homme perd le sens de l'humour."




** Mohamed Kacimi, L'Orient après l'amour

02 juin 2010

"Sauvage"


J'avais brisé ce miroir en espérant que les morceaux éparpillés sur le sol m'apporteraient sept ans de bonheur. J'aime jouer avec les prétendus signes du destin et voulais que ma vie à moi soit bien plus originale que celle de ceux qui affichent la superstitieuse peur des miroirs brisés. Je souffrais. Chaque jour donnait à ma souffrance latente, embourbante et délicate en même temps, l'occasion de s'exprimer. Cette souffrance à laquelle on s'habitue. Je m'y étais en tout cas vite habituée.

Aujourd'hui le temps est harmonieux, et le parfum de la tranquillité s'installe. Elle nait dans cette odeur par la fenêtre et je la pulvérise de temps à autres entre deux morceaux de musique, entre un fou rire et une course effrénée, non loin d'un baiser fougueux sous une pluie diluvienne. De temps à autres.

J'avais donc brisé ce miroir, il y a quoi, un mois ? Il y avait des bouts de verre partout, j'ai passé de longues minutes accroupie, à tout ramasser, à faire attention de ne pas m'entailler. J'ai rassemblé tous les morceaux et, par fainéantise, les ai laissé trainer dans un coin au lieu de m'en débarrasser. Les jours qui ont suivi, j'ai pensé que, encore une fois, ça n'avait servi à rien, que c'était juste une tentative infructueuse, comme toujours. A chaque fois c'était la même chose ! Un courant d'air passait et me soufflait à l'oreille qui j'étais vraiment : tu es faite pour le bonheur ! Mais tout autour de moi est gris, le soleil ne se lève plus depuis des mois et la brume reste là, à s'étendre malgré moi. Je savais que le courant d'air avait raison, mais il était tellement bref à chaque fois, tellement que je ne pouvais m'en saisir.

Oh non, je ne veux plus me trahir ! J'ai trouvé la clé, qui j'étais, la définition de moi la plus mouvante et la plus stable possible. Je suis moi et cette douleur qui autrefois me travestissait, qui m'avait fait croire aux concessions et au mensonge, qui m'avait fait croire aux miroirs, j'ai pu la détruire. Les concessions sont néanmoins nécessaires, il en faut pour rester humain. Pour grandir.

J'ai longtemps refusé de devenir adulte, je ne voulais pas d'un monde de contraintes, d'un monde de séduction. Et lorsque j'entendais ces grandes personnes peu avisées dire que le monde était dirigé par le sexe et l'argent, j'avais peur. A ça, je ne voulais pas croire et je préférais la beauté pure, le ciel toujours bleu et les explosions, partout tout le temps. Un monde de contraires qui s'opposent et se bâtent, qui se réduisent en poussière dans un long feu d'artifice, et que ce soit toujours le mois de mai. Je croyais aux fées mais pas aux anges qui passent, il ne fallait surtout pas leur en laisser le temps. Tout devait aller très vite.

Ca a marché un temps. Quelques années. Puis, un jour, je me suis reçue une baffe, une vraie, une dure. Une qui signifie, c'est fini. Je vais jouer à l'adulte, me suis-je dit. Alors j'ai joué ; j'ai travaillé, j'ai râlé, j'ai signé des papiers, j'ai fait l'amour. A côté de moi, il y avait un autre enfant, et quand il n'était pas là, je pensais systématiquement à lui. Lui aussi se donnait l'air d'être adulte et je crois qu'il en était plus convaincu que moi. Nous avions tout ce qui aurait pu rendre heureux des adultes.

Mais quoi ? Des pleurs, des larmes, des cris ? Comme c'est injuste. J'attends que ça passe, j'attends qu'on vienne me libérer. Car si avant cela je savais m'émerveiller et rire à l'infini, je me suis vite crue obligée d'observer cette loi en ce qui concerne la tristesse : des cris de rage et de peine démultipliés étaient obligatoires si je voulais vraiment vivre. Je m'étais laissée dépasser, la tristesse m'avait vaincue avec les armes que je lui fournissais. C'est ce que j'étais devenue. L'enfant fatiguée de jouer à l'adulte avait laissé la gamine capricieuse reprendre le dessus.

Il faut que tu deviennes une femme.

J'ai compris.

Une femme, qu'est-ce que c'est ? Une femme ça campe sur ses deux jambes, ça prend soin de soi et de l'humanité entière, ça aime, ça vit, ça respire, ça travaille, ça s'efforce, ça chante, ça soigne, ça construit et surtout, surtout la valeur essentielle de la femme c'est qu'elle résiste à la douleur. Ce qui est beau chez les femmes que j’admire, c’est la manière dont elles dévorent leur douleur pour en vivre, c’est la manière dont les rend heureuse la force qu’elles utilisent pour y parvenir.

C'est à cette exacte définition que je voulais répondre. Je ne sais pas ce que signifie être adulte lorsqu'on est un homme, j'imagine que ça y ressemble. Mais voilà, je voulais grandir enfin, être une femme qui n'oublie pas d'où elle vient, qui n'oublie pas le ciel bleu, le mois de mai et le bonheur, tout en barrant d'un sublime trait les caprices. J'abolis la frontière entre enfant et adulte et je me construis.

J'ai écouté le courant d'air. Je lui ai permis de prendre de l'ampleur, de souffler sur tout. J'ai brisé de mon poing du verre - une seconde fois. C'est tellement envoutant de vivre et de jouer sur les symboles. J'ai brisé du verre et j'ai brisé les liens qui me retenaient, qui m'entravaient et qui me rattachaient à cet autre enfant. J'ai tourné le dos. J'ai cessé de confondre ce qu'on appelle orgueil et ce qui porte le beau nom de dignité. J'ai compris, cette fois-ci bien compris, intégré et inscrit dans ma chair que je pouvais aimer en restant forte et insouciante, en étant moi, en répondant à ma définition. Que je pouvais être adulte et ne pas tout vouloir, et être responsable tout en m'abandonnant à la vie, tout en vivant l'instant. Que je pouvais détruire ma douleur - non pas l'éviter mais la détruire - et magnifier mon bonheur, décupler ma joie et mes éclats de rire.

Aujourd'hui je veux partager mon être, j'ai trouvé comment exploser en offrant ce que je suis aux autres, à ceux que j'aime, que j'aimerai et surtout, aux autres femmes qui me sont chères.

C'est la musique que nous aimons, c'est nous qui vibrons à l'infini devant le ciel qui s'éclaircit, c'est la vie qui nous attends et le monde qui s'ouvre. Je danse, je m'enivre et je respecte l'harmonie. Je retrouve les valeurs qui sont chères à mon coeur, parmi toutes ces choses qu'on m'a inculquées elles sont nombreuses, trop pour que je puisse toutes m'en rappeler. C'est nous qui aimons, qui nous cherchons, c'est nous les enfants du mois de mai qui reviendrons …



(En écrivant cela, je pense à Fanny, Noémie, Marine, Sanaa, Noélie, Blandine et Marion et souhaite plus que tout leur bonheur.)

Cuando al pasar yo te vi

Fin
Début
ou Recommencement

Je perçois aujourd'hui ce que signifie une année,
le nombre de jours exactement
et leur pesanteur

Une année sans voir la couleur passionnée
Le rouge de la terre,
Il me manque

Notes d'un autre été

19 avril 2010

Joyeux anniversaire

28 mars 2010
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Dehors, c'était plein de pollen, de couchers de soleil et d'aubes. Il y avait des poètes qui m'attendaient. Monsieur le poète, comment faites-vous ? Il y avait tellement d'hommes. Des laids, des violents, des drôles, des beaux.

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Qu'est-ce que c'est, à mon pied ? A mon pied, une mince cordelette était nouée. Un fil d'Ariane qui regardait vers le passé. J'ai cherché, j'ai demandé aux hommes. Il n'ont pas trouvé de ciseaux pour me délivrer. Ecoute, nous n'avons que cela, nous ne pouvons que t'écrire des mots, des belles choses qui sortent de nos âmes, certaines sont torturées et les mots qui y naissent sont sombres, d'autres sont profondes et tu n'entendras même pas ce qu'elle voudraient te dire, elles parlent cette langue d'ailleurs, celle que tu as pourtant toujours entendue, d'autres encore sont pures, d'autres sont transparentes, d'autres enflammées et elle te brûleront le coeur. Tu devras connaître toutes les langues si tu veux nous approcher. Les hommes m'ont enivrée.

.

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18 avril 2010

Libre

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"Comment rester et comment partir ? Comment tourner la page, comment faire de nouveaux pas pour écrire les nouveaux chapitres de ta vie ? Et je pense que c'est une question éternelle pour tout le monde, mais pour moi, je suis vraiment une éternelle nomade (...). Peut-être que c'est ma vie qui est faite comme ça, partiellement le destin, partiellement moi parce que je voudrais être libre. La question est toujours là, comment être libre ?"

Beata Palya





Abbas




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14 avril 2010

La vie est belle

.
Je touche, je connais, je ris, je grandis.
Y a-t-il des discussions qui sont plus enrichissantes que toute une vie ?
Plus enrichissante que cette vie que j'ai risqué de vivre.

Il y a si longtemps que je n'étais plus heureuse.
L'éternité éphémère d'une couleur dans le ciel,
Un rire.
Un tremblement
de terre.

La vie est belle,
et le temps passe doucement.
Je ne mens pas.




La vie est belle.
.

06 avril 2010

Jasmin

Ici.
.
"Tu es heureuse ?

- Bien sûr !

- Alors maintenant, il est temps d'être généreuse."
.


On souffre à vouloir trop d'un même amour.
On en oublie que l'amour est partout, que l'amour c'est être pour soi et pour le monde.
Puis l'on se réveille, on retourne à la terre, on retourne vers l'intérieur pour rejaillir.
On ne perd plus son temps à dire mon amour à quelqu'un, on le respire. A chaque moment, à chaque regard alentour. On est tranquille sans plus d'inquiétude. On aime tout ce qui nous faisait peur, on aime ce que l'on croyait dangereux, on affirme. On redevient modeste et d'un orgueil insensé.
Enfin,
enfin

Et je ris de bonheur en marchant dans la rue, j'ai les joues encore mouillées mais je ris.
Des hommes et des femmes me regardent
passer

Je vis !





02 avril 2010

Renaitre

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Je t'ai menti et lorsque je te demandais de me tuer, c'est ta mort que je désirais sans oser le dire.

Malgré cela je suis sage.

J'ai encore grandi.
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01 avril 2010

Avril

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On ne découvre jamais qui on est, on se crée.
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31 mars 2010

Chanter

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J'ai mal, peu importe, peu importe.
Musique, tête haute. Il faut marcher, marcher, marcher, toujours la tête haute.
Dans la bibliothèque ? Non, je cherche quelqu'un, je ne sais pas qui.
Plus loin.
Là, j'ai trouvé. Etrange que ce soit lui.

Un peu de fraicheur. Mon coeur renait doucement. Je ris.


Il faut aussi s'occuper des autres pour que la tête soit vidée. Aider ceux qu'on doit aider. Même ceux qui nous interdisent de le faire ? Même ceux qui nous font souffrir ? Je connais mieux ceux qui m'entourent aujourd'hui. C'est une joie.

Celui qui cherche son jumeau en araméen ou en grec me manque.

Ma mère ne prend plus de précautions, elle a vécu presque exactement ce que je vis, je ne le savais pas. Comme c'est étrange cela aussi.

Mon frère me réconforte avec sa musique. Comme toujours.


La musique.
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J'assume le morceau, le modèle, je n'écris que ce qui a été beau aujourd'hui.

30 mars 2010

Connaître

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. En passant en gare de Rive de Gier, il y avait un arc-en-ciel. J'ai souri sincèrement, soulagée. Je vais recommencer à regarder les signes et à croire les intuitions avec plus d'attention.

Lorsque nous sommes arrivées à destination Delphine et moi, il faisait beau. Delphine a changé je trouve, elle est fatiguée, elle a perdu un peu de sa grâce. Mais je sais que sa grâce est toujours là, on ne perd pas ces choses là facilement. Elle m'a raccompagnée jusqu'à chez moi. Elle est précieuse.

Je suis arrivée dans la cuisine, ma mère m'a embrassée, ce n'est pas habituel. Je suis montée dans la chambre de mon frère, il écoutait du Ray Charles. Je me suis tout de suite sentie merveilleusement bien. Le soleil entrait encore par les fenêtres et le ciel était très bleu. Le plus bel instant de ma vie ? J'ai dansé, j'étais heureuse, je me suis vue dans le miroir et me suis trouvée magnifique. Simplement jolie et rayonnante, les larmes ont lavé mon visage de tout artifice, je me suis vue telle que je suis. Je suis quelqu'un de bien, je suis belle de l'intérieur.

C'est ce qu'on appelle la joie. Elle vient quand on ne s'y attend pas, elle est surprenante, c'est ce gonflement de la poitrine absolument inexpliqué. Je suis vivante. Tellement, vivante, et le monde me suffit.

Demain je pleurerai peut-être, j'aurai sûrement peur. Mais je suis confiante, à l'écoute.




Et je ne suis pas seule, merci à mes trois compagnons de la nuit, merci à Jérémie. Et aux autres, à tous les autres, Delphine et mon éternelle Mélanie. Merci à Noémie et ses larmes. Merci à la beauté du monde.
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25 mars 2010

Le petit jeu du jeudi matin où il n'y a pas de train pour aller en cours ...

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8 minutes




Cher lecteur (même vous, ô passagers clandestins qui ne vous exprimez jamais), parviendras-tu à deviner à quoi correspond la donnée ci-dessus ?


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14 mars 2010

Je suis noire, je suis gitane, je suis juive, je suis maghrébine, je suis une femme.

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J'ai brisé un miroir d'un mètre de longueur - j'ai vérifié la taille sur le site d'Ikéa. Un grand miroir vous ne trouvez pas ? Et vous savez pourquoi je l'ai brisé ? Parce que je voulais mes sept ans de bonheur. C'est vrai, partons du principe que je suis une fille compliquée, et même que je ne suis pas banale (j'ai pas envie de l'être), du coup, briser un grand miroir ça va forcément m'apporter sept ans de bonheur. Au moins pour la bonne raison que j'en ai envie. Et je crois que ça marche. Je vous promets, je viens de me prendre une grande baffe dans la gueule. Je me suis un peu sentie comme un chien plein de puces à qui on fait super mal pour qu'il ne revienne plus et ça m'a fait du bien. Et là j'écoute Nina Simone et je n'ai jamais été aussi surpuissante de ma vie. Ecoutez la vous aussi, écoutez comme elle est belle, comme elle est vivante, comme elle est une femme. C'est une merveille. Et regardez moi, je suis pareille ! Il y a des gens qui utilisent les bons mots quand il faut. Et moi je me transcende, je lévite, je suis partout dans le monde. Je n'ai aucune haine, aucune peur et tout me fait rire. Il faut que la vie entière soit ainsi, il faut que partout et toujours mon coeur soit léger.

Je ne suis pas un chien, je suis une louve.

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13 mars 2010

24 heures sans nous

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Le premier mars, c'était la journée sans immigré. A Lyon, un (petit) rassemblement s'est regroupé devant l'Hôtel de Ville. La foule criait qu'elle en avait marre, on peut le voir sur la photo d'ailleurs.



Puis au bout d'un petit moment, je me suis dit que tout ça ne me plaisait pas trop. Que c'était pas la forme qu'un mouvement comme ça devait prendre. Non, y en a pas que marre de ce pays.

Faut pas baiser la France jusqu'à ce qu'elle nous aime parce que ...

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12 mars 2010

15 mars 2009

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Mars

et la violence de mon cœur

qui tremble

Je contemple ce visage

Et la porte se referme

Mars c’est le courage dans les veines

et la violence de mes mains

qui caressent


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Dis-moi ce qu’il y a

derrière tes paupières

quand elles se referment sur tes yeux.

Il y a la lumière.


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depuis j'ai l'impression que le monde a vieilli



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03 mars 2010

Holi

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Y a-t-il quelque chose de plus important que de s'aimer
Puis tomber de fatigue à côté du soleil
Sans même avoir le temps de s'attarder sur
les soupirs ?


Que viennent les couleurs et la lumière !




Chennai, 11 mars 2009 (Babu, Reuters)

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22 février 2010

Anime le monde, anime ton être

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Qu'est-ce que tu voulais ? Qu'il te sauve ?

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Oui, sans doute, et je sais que c'est ridicule. Mais quand j'y pense, j'ai l'impression que m'aimer c'est m'aveugler. Alors j'ai besoin d'un autre regard.


(…)


J'ai peur de m'endormir, il n'y a plus de vent. Je voudrais être le cœur d'un arbre que j'aurais dessiné.

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Tu sais que c'est impossible. Ca ne m'amuse pas vraiment de te le dire, mais tu ne peux pas. Tu n'as pas la dextérité nécessaire.

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J'essaie pourtant. D'abord le cœur puis la racine et l'écorce, les bourgeons. Tout est faux, j'ai honte de tout, je ne dis rien. J'en suis arrivée au stade même où dire ne vaut plus rien. Parler d'un arbre ne le ferait pas exister. L'idéal serait que je décrive et qu'il en soit ainsi, que je dise je suis belle et que ce soit vrai, que je dise je crée et que ce le soit aussi, que je dise j'aime.

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Ecoute, il y a le silence et les voix graves un peu lointaines qui te disent ce que tu as vécu. Il y a l'image du ciel bleu dans lequel tu peux lire ce qui sera. Ce qui vient est à toi.

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Les mots et les destins, les inconnus qui passent, est-il important de les retenir lorsque l'essentiel est de croître ? Il y a tellement de mauvaises choses en moi dont je ne peux pas me défaire ; des raccourcis, des bifurcations, des griffes, j'ai parfois l'impression que ma peau est un désert de sel.

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Tu es un être humain et la lumière ne te traverse pas, au contraire.

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14 février 2010

Sainte Gégé

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Je sais, c'est ridicule de faire un article spécial Saint Valentin, la Saint Valentin c'est nul, c'est consumériste, c'est sexiste, on n'a pas besoin d'attendre le 14 février pour dire qu'on aime ... Mais bon, aujourd'hui comme hier, j'aime l'amour ! Dans tous ses sens ! (Ahah)

Love sur vous ...

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12 février 2010

Le conflit, la femme et la mère

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Bien consciente de faire preuve d'une rhétorique totalement réactionnaire et emplie de soumission, je tiens néanmoins à écrire quelques lignes sur ce que je pense du buzz actuel (excusez-moi pour le gros mot) sur le dernier bouquin de Mme Robert Badinter. Bouh, la mauvaise provoque. Bon ok, le dernier bouquin d'Elisabeth Badinter. J'ai en effet essayer de comprendre un peu mieux pourquoi ses propos provoquaient sur moi une sorte de démangeaison je ne sais où.


Et cela tient en quelques mots. Badinter semble à mes yeux considérer qu'au début du XXIè siècle, pour être une femme libérée, il faut pouvoir (et le vouloir aussi accessoirement) se comporter comme un homme.


Cependant, cette définition de la masculinité est unique : ne pas s'occuper trop des enfants pour privilégier à sa vie affective sa vie professionnelle, ne pas s'occuper trop de questions environnementales (un peu quand même, on est en 2010, quoi !) pour privilégier à sa vie "éthique" sa vie professionnelle. L'homme bien inséré dans une société capitaliste.


La femme "libérée" qui ressemble à l'"homme" du XXIè siècle a bien perdu de vue l'objectif qui aurait pu être sien si elle avait été "soumise" : être un peu heureuse, connaitre autre chose qu'un monde du travail parfois (souvent) douloureux.


Loin de moi de nier qu'une femme doit être indépendante. Et bien entendu l'indépendance est financière ... Le problème est sans doute là. Mais une femme pour exister ne doit pas s'intégrer dans cette société qui je crois en est là parce que forgée surtout par des hommes sans la réfléchir, en recréant les comportements "masculins" qui valident cette même société. Ma mère me précise que c'est aussi aujourd'hui une société portée par les femmes qui enfantent et travaillent, à qui l'on demande de tout faire.


Je pense d'ailleurs que Badinter pense à cela lorsqu'elle explique à Libé que :


Cela rentre en contradiction avec l’impératif de plus en plus lourd qui est de faire passer l’enfant d’abord : depuis que les femmes bénéficient de la contraception, on doit tout à l’enfant qui n’a pas demandé à naître, comme allaiter à la demande. Sous-entendu celles qui ne le font pas sont coupables, égoïstes. De la montée de l’individualisme et de l’accroissement des devoirs maternels naît ce conflit interne à chaque femme et qui a aussi des conséquences sociales fantastiques.


Il est seulement dommage que plutôt que de proposer une synthèse, elle semble opter pour l'un des deux penchants du conflits : le côté individualiste de la chose. Qui lui aussi, je crois n'a qu'une définition restreinte.


Et finalement, je trouve plutôt égoïste ce que revendique Badinter. Chercher à s'intégrer dans un système qui ne nous plaît pas - pour sa propre réussite sociale -, système qui nous éloigne de nos enfants et autres choses essentielles comme mettre en adéquation nos comportements avec les préoccupations écologiques actuelles. Plutôt que de se comporter en "homme", invitons les à devenir un peu plus "féminins". J'utilise ici les stéréotypes. Plutôt que de ne voir que sa propre réussite, prenons le risque de faire changer les choses. Un peu, juste pour voir.


En réalité, je trouve que c'est le féminisme de Badinter qui se fait vieux, je vois ça comme coincé dans un monde sur le déclin, un monde de lutte des classes, un monde où il faut toujours gagner plus pour être respectable alors que d'autres préoccupations naissent et amorcent peut-être un tournant dans la société et ses représentations, des préoccupations comme celles justement environnementales. Je ne pense pas qu'il faille chasser les premières (elles sont tout aussi pertinentes qu'il y a 50 ans) mais les coupler avec les secondes. Et c'est peut-être là que je trouve les propos de Badinter choquants, ils oublient la nuance.


Cécile Duflot à propos de la thèse de Badinter : « Tout faux. Rendre l'écologie responsable des carences héritées du monde patriarcal européen est tout à la fois erroné et stérile. »

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30 janvier 2010

Appel aux dons

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Après une matinée qui commençait mal (ma bonne résolution de ne plus frauder m'ayant empêché d'aller travailler en ce beau jour mi neige - mi soleil) et qui s'est poursuivie plongée dans des cartons de photos et de diapositives, Sami et moi avons décidé de vous faire partager l'ambiance douce et joyeuse de notre enfance.

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Ainsi, voici nos belles bouilles d'enfants heureux de vivre. Ces deux photos proviennent du même tirage - je pense qu'elles ont été réalisées le même jour et successivement. On peut sans doute les relier par un lien de cause à effet. Je les laisse à vos appréciations.


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Si, après avoir vu cela, vous voulez faire un don à l'attention de mon petit frère pour l'aider à surmonter le traumatisme d'une enfance à mes côtés ou à moi pour m'aider à surmonter le traumatisme d'une enfance avec monosourcil, envoyez moi un mail (je n'accepte que les espèces).

16 janvier 2010

"Les êtres vivants n'avaient pas le moral, mais un bien grand mal à la tête"







Aujourd'hui je me suis rendue compte qu'un an et demie de Diplôme Universitaire sur l'Amérique Latine et les Caraïbes m'avait au moins permis de rectifier les erreurs scénaristiques du dessin animé La route d'Eldorado. Merci à l'administration de l'IEP qui a permis l'existence de ce diplôme, et surtout, surtout, merci à JB (il se reconnaitra).




Et en parlant de mal de tête ...

12 janvier 2010

Un peu trop blanc

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Il est tellement facile d'être heureux sous ce ciel gris
Mes yeux l'enflamment, mes yeux le brûlent
Il devient le ciel bleu de l'honnêteté

Un philosophe oublié à écrit il y a plus d'un siècle que :

"la vie, comme le feu, ne se conserve qu’en se communiquant"

Alors je parle, alors je chante
C'est vrai, je me sens vivante

Et mon quotidien a perdu tous les défauts qui pouvaient le rendre pâle




Il me semble que ce que j'écris se fait le reflet de cycles
Tout va bien pour l'instant
Et, tu le sais, l'instant s'étend
Il s'étend
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Il demeure la question,
qu'est-ce que le destin ?

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02 janvier 2010

No me beses suavecito ...

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Si con dolor yo tengo que pagar









Des racines lointaines qui se rejoignent
Le violon et le tango
L'amour et la douleur
Frida y Diego