25 novembre 2010

Le plus beau ?


Aujourd'hui, mon anniversaire a 4h de plus que d'habitude.

J'ai reçu un bouquet de fleur, c'était la première fois. Il m'a rendue folle d'amour bien que je l'étais déjà. Il a ancré mes certitudes au plus profond de moi. Le doute ne me fait pas exister plus intensément, jamais, non.

Ce jour à l'étranger était forcément plein de mots. Et un chiffre. 24, dans les deux sens qu'on peut lui attribuer aujourd'hui. Celui de la construction de mon être, toujours par étape, celui de l'amour, qui se double du 7.

Des mots, des mots, des mots, dans ma langue, dans la leur, dans la nôtre. Ca m'a fait un bien fou, et les certitudes toujours plus ancrées. La certitude, en réalité. C'est la seule à qui j'accorde ma foi. Quand je te vois, j'ai l'impression que Dieu a existé. Mais je ne veux pas être ingrate.

Puis la surprise, parmi tant d'autre. Un anniversaire c'est beau, c'est surprenant à l'infini. On oubli toujours l'impression que cela fait et on la retrouve avec plaisir. J'ai été surprise par ces mots, par ces gens qui arrivent comme cela, sans prévenir, dans un rire, par cette conversation, celle que j'attends à chaque fois.

Le plus beau ?
Je ne sais pas ...

19 novembre 2010

Mais les gens des banlieues sont des Français comme les autres.

Dans le Guardian, vous avez publié un point de vue à propos des grèves en France, intitulé «Pourquoi ne protestons-nous pas contre les mesures d'austérité comme le font les Français ?». Cependant, malgré la forte mobilisation en France, la loi sur les retraites a bel et bien été votée...


Certes, mais je ne crois pas pour autant que vous ayez perdu la guerre. Une bataille, certes. Mais la guerre continue. Et vous êtes armés pour affronter la réaction. C'est un héritage de l'histoire de France, brillante, unique en Europe. C'est 1789. Nicolas Sarkozy, qui est tellement stupide, éructait pendant sa campagne qu'il fallait éradiquer l'héritage de Mai 1968. Mais il se trompe : l'héritage de 1968, c'est aussi celui de 1789. Les barricades, les tout jeunes qui se regroupent dans la rue... C'est une force incroyable, ce sens de l'histoire enraciné en chacun de vous. C'est ce qui fait que le libéralisme ravageur, qui produit des crises comme celle que l'on traverse, et que l'on tente encore de nous faire avaler, ne pénétrera sans doute jamais tout à fait en France.

À part Sarkozy, votre pays ne fonctionne d'ailleurs pas si mal. Je ne suis pas d'accord avec les interprétations que l'on fait des émeutes des banlieues en 2005. Les politiques et les médias dominants ne voient que l'aspect sécuritaire, l'immigration, tout ce blabla infantile et dangereux. Au contraire, je trouve tous ces gens parfaitement intégrés, l'aspect économique mis à part, évidemment, qui reste le nœud du problème. Mais les gens des banlieues sont des Français comme les autres. Et la meilleure preuve, c'est qu'ils ont parfaitement intégré les formes de protestations qui ont traversé l'histoire de France, les barricades, les manifestations, brûler des voitures, comme en 1789, 1871, 1968, 1995, 2005, etc. Des moments qui font que le monde entier continue d'admirer votre pays. En Angleterre, les jeunes ne réagissent pas comme cela, parce qu'ils ont intégré les différentes acceptions de la société britannique. Pour protester, ils adhèrent à des mouvements, ou à des partis.

Tariq Ali sur Médiapart

11 novembre 2010

Vem ca, me da sua lingua






Mon amour, nous ne sommes pas seuls, il y a un monde qui nous attend, dans l'infini du ciel bleu, il y a peut-être de la vie sur Mars. Alors viens là, donne moi ta langue, viens je veux te serrer contre moi. Mon amour, nous allons vivre la vie, alors viens, sinon je vais perdre qui je suis.



07 novembre 2010

Allers et retours


Il me manque tellement
que lorsque vient l'heure de dormir
mon corps se refuse au sommeil
et décide d'attendre le sien
là où l'image me reste
et me retient.

Je ne veux perdre aucune minute de mes nuits !
Mais je redoute le lever du soleil,
la journée vide qui lui succède,
l'absence de faim.

Je redoute le lever du soleil,
les réveils solitaires qu'il charrie
dans la chaleur d'un Brésil
étranger
parfois triste.

Toujours lointain.

06 novembre 2010

La France aux Français


Au début, en arrivant au Brésil, j'ai voulu me fondre dans la masse, j'ai voulu que personne ne sache que je n'étais pas d'ici.


Un jour, ma colloc portugaise m'a dit "toute une vie ne suffirait pas à te faire ressembler à une brésilienne, je serai toujours plus brésilienne que toi". J'ai eu deux réflexions à ce sujet. Je me suis d'abord demandé si le fait que je m'intéressais beaucoup plus à la politique brésilienne et à l'avenir de ce pays faisait de moi une brésilienne plus authentique qu'elle qui savait adopter les comportements, les attitudes et la langue d'ici avec beaucoup plus d'aisance que moi. Ensuite je me suis dit que je ne voulais plus paraître brésilienne, que ma volonté de m'intégrer n'allait pas jusqu'à ressembler à ces gens, jusqu'à penser comme eux, jusqu'à agir et parler comme eux. Et je me suis rendue compte que j'adorais ce sentiment d'appartenance et que j'étais heureuse d'appartenir à ce pays, la France, que j'étais même heureuse de toutes les contradictions qui y habitaient. Je ne sais pas encore comment exprimer cela. Aimer les contradictions de la France ça veut aussi dire aimer la présence des gens qui lui font du mal. Vue de l'extérieur la profondeur des problèmes français me plaît, c'est comme lorsque quelqu'un me dit : "J'aime bien quand tu t'énerves, ça te donne du caractère". On peut applique la même chose pour un défaut quelconque, une cicatrice sur le visage, un nez cassé, une façon de parler un peu trop fort ... J'ai un peu de mal à dire que j'aime toute cette clique de pseudo hommes politiques, tous ces fascistes qui hantent les rues de Lyon mais j'aime le fait qu'ils nous provoquent, nous la France, et surtout, j'aime ce que, en face, nous créons. J'aime cette résistance qui existe en France et que je ne retrouve pas au Brésil. Alors oui, il y a des choses qui font honte en France mais ce n'est pas la France qui me fait honte. La France, c'est ce qu'on m'a appris dans ma classe de CM1 ou de CM2, entre plein de gamins de la deuxième ou de la troisième génération comme on dit (d'ailleurs, une jeune néo-zélandaise d'origine chinoise m'a appris qu'on disait la même chose dans son pays). Et si je comprends un peu ceux qui veulent la fuir parce qu'ils la trouvent laide, je l'aime parce qu'elle me donne ma place pour y lutter, y vivre et y aimer.


Garder cela en tête, avoir envie de le retrouver et s'ouvrir au reste du monde. J'ai reçu une grosse claque qui m'a enlevé toute ma tristesse. Je n'ai pas encore trouvé tous les mots pour la raconter. Mais mon esprit qui gardait quelques portes fermées s'est un peu plus ouvert. Mais on peut concevoir la vie sans politique, et je n'ai pas à juger cela. J'ai juste à choisir.


01 novembre 2010

Il n'y a pas de moment merveilleux



5 octobre 2010



Il n'y a pas de moment merveilleux, il n'y a que des regards émerveillés. Je suis arrivée au Brésil en y étant résolument prête sans m'y être préparée. C'était l'heure, je crois que j'en avais besoin. Besoin de partir, de voir du pays, de mettre des images sur les mots de mon enfance. Mais je ne savais même pas ce que passer quelques semaines dans un pays étranger, ce que passer quelques semaines sans sa famille voulait dire. Personne ne m'avait jamais appris ! J'étais modeste dans mes ambitions et dans ma condition. Le choc n'a pas été brutal, la douleur est arrivée en douceur. Elle est arrivée après l'allégresse du voyage, quand les choses se posent et avant que cette terre ne m'adopte. Elle a été lancinante plus que foudroyante et elle m'a donné une énergie folle. Mes derniers mois en France m'ont appris à ne pas aimer la douleur.

La question qui s'est posée depuis mon arrivée a toujours été la même, toujours la même peur en réalité. Est-ce que c'est bien moi qui vit ? Est-ce que j'absorbe ce qui m'entoure de la bonne manière, comme ce que je suis est censé le faire ? Mais je n'oublie pas qu'il y a des hommes, et beaucoup de femmes, et des enfants sans doute aussi, qui ont passé des années à se demander si le sujet n'est pas qu'une succession d'impressions, une succession d'états plus qu'un être permanent. J'ai déjà écrit et pensé que mes derniers mois en France m'avaient rendue à moi-même. Est-ce que la définition était construite ?

Ce qui est certain, je l'affirme ici : moi-même, c'est le bonheur, l'énergie et la paix. Au moins par choix, car je le décide (c'est l'une des choses que j'ai apprise à ce moment là ; mêler le destin au libre arbitre).

Une fois arrivée ici, j'ai eu une espèce de réflexion rétrospective, et ce que j'ai trouvé étrange c'était d'avoir du partir alors même que je venais d'atteindre, en France, un degré de réalisation de ma personne presque total. Je n'avais pas seulement touché le bonheur, je l'avais saisi à deux mains et malaxé jusqu'à ce qu'il s'adapte parfaitement à moi, au dessin de mon corps et aux courbures de mon esprit. J'ai du changer presque radicalement ce qui m'entourait et recommencer, reconstruire, m'habituer à une autre réalité. Arrivée au Brésil, j'ai remarqué que cette fois-ci, l'adaptation ne se faisait pas aussi rapidement, pas aussi facilement qu'en avril dernier. Ca m'a beaucoup déçue. Je crois en fait que ce que je laissais derrière moi était autrement plus immense et plus précieux.

Mais la précipitation de ces changements s'explique peut-être. A voyager trop vite (de nos jours, en avion, une heure suffit à épuiser 1 000 kilomètres de distance), les printemps perdent leur vrais intervalles. J'aurais vécu en six mois deux printemps, et la fin des hivers.