29 juin 2010

Je laisserai le lit comme il l'a laissé

Un peu triste ce soir
car comme toutes les nuits
je vois la date qui prend un jour
je vieillis en attendant
le départ
et je redoute
l'au revoir.


Puis bien sûr pour la bande originale on ne fait plus vraiment dans l'original.

24 juin 2010

Ô mon amour emporte-moi !


Toutes ces paroles, toutes ces notes
que je connaissais
trouvent aujourd'hui leur illustration.


Le Nouveau Monde


C'est troublant
mais je me sens calme
et reposée.

Je n'ose pas exprimer les mots exacts de peur d'être incomprise. Mais le réveil est tellement ensoleillé ; je suis à des années lumières de ma tristesse des jours passés. Ils sont désormais bien lointains.

Et surtout,
surtout,
je recommence à croire.

L'amour me rend à moi même, dans la peau du barbare.


(Je te remercie en silence à chaque seconde)

17 juin 2010

Tu es plus belle que le ciel et la mer

.
Quand tu aimes il faut partir
Quitte ta femme quitte ton enfant
Quitte ton ami quitte ton amie
Quitte ton amante quitte ton amant
Quand tu aimes il faut partir

Le monde est plein de nègres et de négresses
Des femmes des hommes des hommes des femmes
Regarde les beaux magasins
Ce fiacre cet homme cette femme ce fiacre
Et toutes les belles marchandises

II y a l'air il y a le vent
Les montagnes l'eau le ciel la terre
Les enfants les animaux
Les plantes et le charbon de terre

Apprends à vendre à acheter à revendre
Donne prends donne prends

Quand tu aimes il faut savoir
Chanter courir manger boire
Siffler
Et apprendre à travailler

Quand tu aimes il faut partir
Ne larmoie pas en souriant
Ne te niche pas entre deux seins
Respire marche pars va-t'en

Je prends mon bain et je regarde
Je vois la bouche que je connais
La main la jambe l'œil
Je prends mon bain et je regarde

Le monde entier est toujours là
La vie pleine de choses surprenantes
Je sors de la pharmacie
Je descends juste de la bascule
Je pèse mes 80 kilos
Je t'aime

Blaise Cendrars, Feuilles de route, 1924

.

13 juin 2010

"Je sais que je vais vivre"

.

Même si tout s'achève un jour, même si l'été arrive et qu'il est plein de promesses, le printemps qui prend fin était brûlant. Il restera dans les annales de mon bonheur. J'ai retrouvé la force, j'exprime mon être, je suis amoureuse, je ris, je danse et j'aime.

My baby came down from Romania
Ha táncolok, szikrát szórok*


C'est ma tante qui disait que tous les moments forts de sa vie s'apparentaient à de la musique. Bien entendu, il en va de même pour moi. Le ciel n'est pas bleu tous les jours mais le bonheur est là. Vous pouvez rester sous mon parapluie, tous. Et ...

When the sun shines we'll shine together !


Mais nous brillons déjà !

____

* "Quand je danse, je fais des étincelles", Beata Palya.

07 juin 2010

Siempre la misma cancion

17



Vous allez être mis en relation avec les services de p ...

"Allo ?

Bonjour, je viens d'assister à l'agression d'une femme par son mari dans la rue ... à l'arrêt de bus ...

Très bien. Maghrébins, européens ou noirs ?

Pardon ? La femme est bonde ...

Ah, européens donc.

(...)

Ok, nous allons appeler les pompiers.

Je peux vous poser une question ?

Allez-y.

Est-il normal de m'entendre demander si l'agresseur est noir, européen ou maghrébin ? Ce sont des caractéristiques raciales ou ethniques qui n'ont pas à être renseignées en France.

Oh non ! Ce ne sont que des renseignements pour pouvoir identifier les personnes concernées, il n'y a rien de racial là dedans."




Nicolas qui ? Nicolas police ...




04 juin 2010

Sans histoire


"Israël est une femme sans histoire qui raconte des histoires coloniales. Madame a fait souffrir le monde, madame fait encore souffrir le monde. Israël est une femme sans histoire qui se mure et se cache derrière Tsahal."





Gaza 1993, children holding toy guns in the air, Larry Towell





"Le monde arabe est un homme sans histoire qui raconte des histoires féodales, ce n'est qu'un monde qui fait bande à part, monsieur veut couper les arabes du monde. Il noie le poisson dans du pétrole et prêche le poison en terre d'Islam."


** Amazigh Kateb
, Sans histoire


_______________



"Esplanade des Mosquées. L'entrée est gardée par des policiers israéliens qui font un premier filtre puis par des policiers palestiniens qui demandent : "Y a-t-il des juifs parmi vous ? L'entrée de la mosquée n'est autorisée qu'aux musulmans et aux chrétiens." Un silence.


(...)


Le Guide : Cette mosquée a été édifiée au VIIè siècle par le calife Omar. Quand il est rentré à Jérusalem, le patriarche byzantin l'a prié de faire sa prière dans le Saint-Sépulcre, mais notre seigneur Omar, ne voulant pas porter atteinte à l'église des chrétiens, a choisi cet endroit pour ériger sa mosquée.

Le Touriste : Qu'est-ce qu'il y avait là, sur cette esplanade, avant l'arrivée des musulmans ?

Le Guide : Il n'y avait rien.

Le Touriste : Pourtant l'histoire dit que ...

Le Guide : L'histoire ne dit rien. Ecoute moi, il faut que tu saches que cette mosquée est là depuis la nuit des temps. La preuve, tu vois la petite église qui se trouve là en face sur le mont des Oliviers ? C'est là qu'habitait Marie, la mère de Jésus. Tous les matins, elle traversait la vallée du Cédron pour venir travailler comme femme de ménage ici à la mosquée et, le soir, elle rentrait tranquillement chez elle."


"L'intégrisme commence quand l'homme perd le sens de l'humour."




** Mohamed Kacimi, L'Orient après l'amour

02 juin 2010

"Sauvage"


J'avais brisé ce miroir en espérant que les morceaux éparpillés sur le sol m'apporteraient sept ans de bonheur. J'aime jouer avec les prétendus signes du destin et voulais que ma vie à moi soit bien plus originale que celle de ceux qui affichent la superstitieuse peur des miroirs brisés. Je souffrais. Chaque jour donnait à ma souffrance latente, embourbante et délicate en même temps, l'occasion de s'exprimer. Cette souffrance à laquelle on s'habitue. Je m'y étais en tout cas vite habituée.

Aujourd'hui le temps est harmonieux, et le parfum de la tranquillité s'installe. Elle nait dans cette odeur par la fenêtre et je la pulvérise de temps à autres entre deux morceaux de musique, entre un fou rire et une course effrénée, non loin d'un baiser fougueux sous une pluie diluvienne. De temps à autres.

J'avais donc brisé ce miroir, il y a quoi, un mois ? Il y avait des bouts de verre partout, j'ai passé de longues minutes accroupie, à tout ramasser, à faire attention de ne pas m'entailler. J'ai rassemblé tous les morceaux et, par fainéantise, les ai laissé trainer dans un coin au lieu de m'en débarrasser. Les jours qui ont suivi, j'ai pensé que, encore une fois, ça n'avait servi à rien, que c'était juste une tentative infructueuse, comme toujours. A chaque fois c'était la même chose ! Un courant d'air passait et me soufflait à l'oreille qui j'étais vraiment : tu es faite pour le bonheur ! Mais tout autour de moi est gris, le soleil ne se lève plus depuis des mois et la brume reste là, à s'étendre malgré moi. Je savais que le courant d'air avait raison, mais il était tellement bref à chaque fois, tellement que je ne pouvais m'en saisir.

Oh non, je ne veux plus me trahir ! J'ai trouvé la clé, qui j'étais, la définition de moi la plus mouvante et la plus stable possible. Je suis moi et cette douleur qui autrefois me travestissait, qui m'avait fait croire aux concessions et au mensonge, qui m'avait fait croire aux miroirs, j'ai pu la détruire. Les concessions sont néanmoins nécessaires, il en faut pour rester humain. Pour grandir.

J'ai longtemps refusé de devenir adulte, je ne voulais pas d'un monde de contraintes, d'un monde de séduction. Et lorsque j'entendais ces grandes personnes peu avisées dire que le monde était dirigé par le sexe et l'argent, j'avais peur. A ça, je ne voulais pas croire et je préférais la beauté pure, le ciel toujours bleu et les explosions, partout tout le temps. Un monde de contraires qui s'opposent et se bâtent, qui se réduisent en poussière dans un long feu d'artifice, et que ce soit toujours le mois de mai. Je croyais aux fées mais pas aux anges qui passent, il ne fallait surtout pas leur en laisser le temps. Tout devait aller très vite.

Ca a marché un temps. Quelques années. Puis, un jour, je me suis reçue une baffe, une vraie, une dure. Une qui signifie, c'est fini. Je vais jouer à l'adulte, me suis-je dit. Alors j'ai joué ; j'ai travaillé, j'ai râlé, j'ai signé des papiers, j'ai fait l'amour. A côté de moi, il y avait un autre enfant, et quand il n'était pas là, je pensais systématiquement à lui. Lui aussi se donnait l'air d'être adulte et je crois qu'il en était plus convaincu que moi. Nous avions tout ce qui aurait pu rendre heureux des adultes.

Mais quoi ? Des pleurs, des larmes, des cris ? Comme c'est injuste. J'attends que ça passe, j'attends qu'on vienne me libérer. Car si avant cela je savais m'émerveiller et rire à l'infini, je me suis vite crue obligée d'observer cette loi en ce qui concerne la tristesse : des cris de rage et de peine démultipliés étaient obligatoires si je voulais vraiment vivre. Je m'étais laissée dépasser, la tristesse m'avait vaincue avec les armes que je lui fournissais. C'est ce que j'étais devenue. L'enfant fatiguée de jouer à l'adulte avait laissé la gamine capricieuse reprendre le dessus.

Il faut que tu deviennes une femme.

J'ai compris.

Une femme, qu'est-ce que c'est ? Une femme ça campe sur ses deux jambes, ça prend soin de soi et de l'humanité entière, ça aime, ça vit, ça respire, ça travaille, ça s'efforce, ça chante, ça soigne, ça construit et surtout, surtout la valeur essentielle de la femme c'est qu'elle résiste à la douleur. Ce qui est beau chez les femmes que j’admire, c’est la manière dont elles dévorent leur douleur pour en vivre, c’est la manière dont les rend heureuse la force qu’elles utilisent pour y parvenir.

C'est à cette exacte définition que je voulais répondre. Je ne sais pas ce que signifie être adulte lorsqu'on est un homme, j'imagine que ça y ressemble. Mais voilà, je voulais grandir enfin, être une femme qui n'oublie pas d'où elle vient, qui n'oublie pas le ciel bleu, le mois de mai et le bonheur, tout en barrant d'un sublime trait les caprices. J'abolis la frontière entre enfant et adulte et je me construis.

J'ai écouté le courant d'air. Je lui ai permis de prendre de l'ampleur, de souffler sur tout. J'ai brisé de mon poing du verre - une seconde fois. C'est tellement envoutant de vivre et de jouer sur les symboles. J'ai brisé du verre et j'ai brisé les liens qui me retenaient, qui m'entravaient et qui me rattachaient à cet autre enfant. J'ai tourné le dos. J'ai cessé de confondre ce qu'on appelle orgueil et ce qui porte le beau nom de dignité. J'ai compris, cette fois-ci bien compris, intégré et inscrit dans ma chair que je pouvais aimer en restant forte et insouciante, en étant moi, en répondant à ma définition. Que je pouvais être adulte et ne pas tout vouloir, et être responsable tout en m'abandonnant à la vie, tout en vivant l'instant. Que je pouvais détruire ma douleur - non pas l'éviter mais la détruire - et magnifier mon bonheur, décupler ma joie et mes éclats de rire.

Aujourd'hui je veux partager mon être, j'ai trouvé comment exploser en offrant ce que je suis aux autres, à ceux que j'aime, que j'aimerai et surtout, aux autres femmes qui me sont chères.

C'est la musique que nous aimons, c'est nous qui vibrons à l'infini devant le ciel qui s'éclaircit, c'est la vie qui nous attends et le monde qui s'ouvre. Je danse, je m'enivre et je respecte l'harmonie. Je retrouve les valeurs qui sont chères à mon coeur, parmi toutes ces choses qu'on m'a inculquées elles sont nombreuses, trop pour que je puisse toutes m'en rappeler. C'est nous qui aimons, qui nous cherchons, c'est nous les enfants du mois de mai qui reviendrons …



(En écrivant cela, je pense à Fanny, Noémie, Marine, Sanaa, Noélie, Blandine et Marion et souhaite plus que tout leur bonheur.)

Cuando al pasar yo te vi

Fin
Début
ou Recommencement

Je perçois aujourd'hui ce que signifie une année,
le nombre de jours exactement
et leur pesanteur

Une année sans voir la couleur passionnée
Le rouge de la terre,
Il me manque

Notes d'un autre été