06 novembre 2010

La France aux Français


Au début, en arrivant au Brésil, j'ai voulu me fondre dans la masse, j'ai voulu que personne ne sache que je n'étais pas d'ici.


Un jour, ma colloc portugaise m'a dit "toute une vie ne suffirait pas à te faire ressembler à une brésilienne, je serai toujours plus brésilienne que toi". J'ai eu deux réflexions à ce sujet. Je me suis d'abord demandé si le fait que je m'intéressais beaucoup plus à la politique brésilienne et à l'avenir de ce pays faisait de moi une brésilienne plus authentique qu'elle qui savait adopter les comportements, les attitudes et la langue d'ici avec beaucoup plus d'aisance que moi. Ensuite je me suis dit que je ne voulais plus paraître brésilienne, que ma volonté de m'intégrer n'allait pas jusqu'à ressembler à ces gens, jusqu'à penser comme eux, jusqu'à agir et parler comme eux. Et je me suis rendue compte que j'adorais ce sentiment d'appartenance et que j'étais heureuse d'appartenir à ce pays, la France, que j'étais même heureuse de toutes les contradictions qui y habitaient. Je ne sais pas encore comment exprimer cela. Aimer les contradictions de la France ça veut aussi dire aimer la présence des gens qui lui font du mal. Vue de l'extérieur la profondeur des problèmes français me plaît, c'est comme lorsque quelqu'un me dit : "J'aime bien quand tu t'énerves, ça te donne du caractère". On peut applique la même chose pour un défaut quelconque, une cicatrice sur le visage, un nez cassé, une façon de parler un peu trop fort ... J'ai un peu de mal à dire que j'aime toute cette clique de pseudo hommes politiques, tous ces fascistes qui hantent les rues de Lyon mais j'aime le fait qu'ils nous provoquent, nous la France, et surtout, j'aime ce que, en face, nous créons. J'aime cette résistance qui existe en France et que je ne retrouve pas au Brésil. Alors oui, il y a des choses qui font honte en France mais ce n'est pas la France qui me fait honte. La France, c'est ce qu'on m'a appris dans ma classe de CM1 ou de CM2, entre plein de gamins de la deuxième ou de la troisième génération comme on dit (d'ailleurs, une jeune néo-zélandaise d'origine chinoise m'a appris qu'on disait la même chose dans son pays). Et si je comprends un peu ceux qui veulent la fuir parce qu'ils la trouvent laide, je l'aime parce qu'elle me donne ma place pour y lutter, y vivre et y aimer.


Garder cela en tête, avoir envie de le retrouver et s'ouvrir au reste du monde. J'ai reçu une grosse claque qui m'a enlevé toute ma tristesse. Je n'ai pas encore trouvé tous les mots pour la raconter. Mais mon esprit qui gardait quelques portes fermées s'est un peu plus ouvert. Mais on peut concevoir la vie sans politique, et je n'ai pas à juger cela. J'ai juste à choisir.


1 commentaire:

Anonyme a dit…

Je n'ai jamais aimé cette idée de devoir "s'intégrer" : je pense que tout le monde doit être tolérant.

Forcer les gens qui viennent d'ailleurs à faire comme les autres sans se poser la question de savoir si c'est bien ou mal, c'est ce que j'aurais envie d'appeler du conformisme exécutif : penser qu'une règle est forcément bonne même si elle ne l'est pas, et que tout le monde doit s'y soumettre.

"Normal" n'est pas "moral" ! Personne n'a à se soumettre aveuglément aux coutumes locales, c'est à tous de faire preuve de gentillesse et de juger les gens tels qu'ils sont.

Sophia, pourquoi as-tu voulu imiter les autres brésiliens en tout point ? Etait-ce juste pour s'amuser ? Etait-ce par peur de se faire rejeter ? Pourquoi ?

En ce moment, en France, les choses avancent : y en a qui commencent enfin à se rendre compte que nous ne vivons pas dans une démocratie. Sarkozy et ses ministres dirigent tout, du moins ils essayent. Et les désinformateurs de TF1 comme les brutes de l'armée sont de leur côté.
Tout comme les chefs d'entreprise, d'assurances, de banques.
Peuple opprimé à la volonté reniée de manière aujourd'hui flagrante, nous devons nous rencontrer, échanger, s'entraider. Désarmons l'armée, cherchons la nature d'un usage raisonnable des armes, si jamais un tel usage existe ; la démocratie française n'existe pas, et reste à construire.

Antinomos