Mon papa ne veut pas que je danse ...

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Je me suis éveillée ce matin. Les draps étaient chauds et mes cheveux portaient sur eux une autre odeur. Je me suis éveillée et comme chaque jour j’ai dû m’extirper de la chaleur pour faire face au grand monde. Il m’impressionne parfois. La chaleur était double ce matin, je pense que cela a rendu les choses un peu plus difficiles. Le ciel gris m’intimidait, que me veut-il ? Il a fallu que je me le répète, que je me le répète sans cesse : « tu es forte Sophia, tu l’es ». J’ai pensé à ceux qui se lèvent chaque matin avec des mots immondes dans l’esprit. Argent. Licenciement. Froid. Trouver du travail. Je ne me suis pas attardée sur le cas des autres. L’œil m’avait brûlé, la peur sous mes ongles, une forme de détresse ternie. Mais tu es forte, tu es forte, tu es forte Sophia.

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Je le suis.

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J’ai levé la tête, je regardais droit dans les yeux le grand monde, sans ciller. Je souriais un peu faux de temps à autres et j’ai même retrouvé mon visage décomposé sur le bord de la fenêtre. Cela n’a duré qu’un instant. J’ai appris qu’une musique allait bientôt me rendre au monde comme elle l’avait déjà fait. Il ne m’impressionnera plus. Et j’ai commencé à le sentir de nouveau. Il était là, bien à moi et moi à lui. Il se tenait tout autour et moi autour de lui. Nous étions. Toute cette merveille grâce au cheminement ; j’ai pensé, j’ai parlé et j’ai dit qui j’étais - de manière un peu dissimulée. Je suis Sophia et je suis forte.

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Mais tout change quand, par la vertu d'une véritable attention, il vide son âme pour y laisser pénétrer les pensées de la sagesse éternelle.

Simone Weil.

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