25 novembre 2010
Le plus beau ?
19 novembre 2010
Mais les gens des banlieues sont des Français comme les autres.
Dans le Guardian, vous avez publié un point de vue à propos des grèves en France, intitulé «Pourquoi ne protestons-nous pas contre les mesures d'austérité comme le font les Français ?». Cependant, malgré la forte mobilisation en France, la loi sur les retraites a bel et bien été votée...
Certes, mais je ne crois pas pour autant que vous ayez perdu la guerre. Une bataille, certes. Mais la guerre continue. Et vous êtes armés pour affronter la réaction. C'est un héritage de l'histoire de France, brillante, unique en Europe. C'est 1789. Nicolas Sarkozy, qui est tellement stupide, éructait pendant sa campagne qu'il fallait éradiquer l'héritage de Mai 1968. Mais il se trompe : l'héritage de 1968, c'est aussi celui de 1789. Les barricades, les tout jeunes qui se regroupent dans la rue... C'est une force incroyable, ce sens de l'histoire enraciné en chacun de vous. C'est ce qui fait que le libéralisme ravageur, qui produit des crises comme celle que l'on traverse, et que l'on tente encore de nous faire avaler, ne pénétrera sans doute jamais tout à fait en France.
À part Sarkozy, votre pays ne fonctionne d'ailleurs pas si mal. Je ne suis pas d'accord avec les interprétations que l'on fait des émeutes des banlieues en 2005. Les politiques et les médias dominants ne voient que l'aspect sécuritaire, l'immigration, tout ce blabla infantile et dangereux. Au contraire, je trouve tous ces gens parfaitement intégrés, l'aspect économique mis à part, évidemment, qui reste le nœud du problème. Mais les gens des banlieues sont des Français comme les autres. Et la meilleure preuve, c'est qu'ils ont parfaitement intégré les formes de protestations qui ont traversé l'histoire de France, les barricades, les manifestations, brûler des voitures, comme en 1789, 1871, 1968, 1995, 2005, etc. Des moments qui font que le monde entier continue d'admirer votre pays. En Angleterre, les jeunes ne réagissent pas comme cela, parce qu'ils ont intégré les différentes acceptions de la société britannique. Pour protester, ils adhèrent à des mouvements, ou à des partis.
Tariq Ali sur Médiapart
11 novembre 2010
Vem ca, me da sua lingua
07 novembre 2010
Allers et retours
06 novembre 2010
La France aux Français
Au début, en arrivant au Brésil, j'ai voulu me fondre dans la masse, j'ai voulu que personne ne sache que je n'étais pas d'ici.
Un jour, ma colloc portugaise m'a dit "toute une vie ne suffirait pas à te faire ressembler à une brésilienne, je serai toujours plus brésilienne que toi". J'ai eu deux réflexions à ce sujet. Je me suis d'abord demandé si le fait que je m'intéressais beaucoup plus à la politique brésilienne et à l'avenir de ce pays faisait de moi une brésilienne plus authentique qu'elle qui savait adopter les comportements, les attitudes et la langue d'ici avec beaucoup plus d'aisance que moi. Ensuite je me suis dit que je ne voulais plus paraître brésilienne, que ma volonté de m'intégrer n'allait pas jusqu'à ressembler à ces gens, jusqu'à penser comme eux, jusqu'à agir et parler comme eux. Et je me suis rendue compte que j'adorais ce sentiment d'appartenance et que j'étais heureuse d'appartenir à ce pays, la France, que j'étais même heureuse de toutes les contradictions qui y habitaient. Je ne sais pas encore comment exprimer cela. Aimer les contradictions de la France ça veut aussi dire aimer la présence des gens qui lui font du mal. Vue de l'extérieur la profondeur des problèmes français me plaît, c'est comme lorsque quelqu'un me dit : "J'aime bien quand tu t'énerves, ça te donne du caractère". On peut applique la même chose pour un défaut quelconque, une cicatrice sur le visage, un nez cassé, une façon de parler un peu trop fort ... J'ai un peu de mal à dire que j'aime toute cette clique de pseudo hommes politiques, tous ces fascistes qui hantent les rues de Lyon mais j'aime le fait qu'ils nous provoquent, nous la France, et surtout, j'aime ce que, en face, nous créons. J'aime cette résistance qui existe en France et que je ne retrouve pas au Brésil. Alors oui, il y a des choses qui font honte en France mais ce n'est pas la France qui me fait honte. La France, c'est ce qu'on m'a appris dans ma classe de CM1 ou de CM2, entre plein de gamins de la deuxième ou de la troisième génération comme on dit (d'ailleurs, une jeune néo-zélandaise d'origine chinoise m'a appris qu'on disait la même chose dans son pays). Et si je comprends un peu ceux qui veulent la fuir parce qu'ils la trouvent laide, je l'aime parce qu'elle me donne ma place pour y lutter, y vivre et y aimer.
Garder cela en tête, avoir envie de le retrouver et s'ouvrir au reste du monde. J'ai reçu une grosse claque qui m'a enlevé toute ma tristesse. Je n'ai pas encore trouvé tous les mots pour la raconter. Mais mon esprit qui gardait quelques portes fermées s'est un peu plus ouvert. Mais on peut concevoir la vie sans politique, et je n'ai pas à juger cela. J'ai juste à choisir.