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Bien consciente de faire preuve d'une rhétorique totalement réactionnaire et emplie de soumission, je tiens néanmoins à écrire quelques lignes sur ce que je pense du buzz actuel (excusez-moi pour le gros mot) sur le dernier bouquin de Mme Robert Badinter. Bouh, la mauvaise provoque. Bon ok, le dernier bouquin d'Elisabeth Badinter. J'ai en effet essayer de comprendre un peu mieux pourquoi ses propos provoquaient sur moi une sorte de démangeaison je ne sais où.
Et cela tient en quelques mots. Badinter semble à mes yeux considérer qu'au début du XXIè siècle, pour être une femme libérée, il faut pouvoir (et le vouloir aussi accessoirement) se comporter comme un homme.
Cependant, cette définition de la masculinité est unique : ne pas s'occuper trop des enfants pour privilégier à sa vie affective sa vie professionnelle, ne pas s'occuper trop de questions environnementales (un peu quand même, on est en 2010, quoi !) pour privilégier à sa vie "éthique" sa vie professionnelle. L'homme bien inséré dans une société capitaliste.
La femme "libérée" qui ressemble à l'"homme" du XXIè siècle a bien perdu de vue l'objectif qui aurait pu être sien si elle avait été "soumise" : être un peu heureuse, connaitre autre chose qu'un monde du travail parfois (souvent) douloureux.
Loin de moi de nier qu'une femme doit être indépendante. Et bien entendu l'indépendance est financière ... Le problème est sans doute là. Mais une femme pour exister ne doit pas s'intégrer dans cette société qui je crois en est là parce que forgée surtout par des hommes sans la réfléchir, en recréant les comportements "masculins" qui valident cette même société. Ma mère me précise que c'est aussi aujourd'hui une société portée par les femmes qui enfantent et travaillent, à qui l'on demande de tout faire.
Je pense d'ailleurs que Badinter pense à cela lorsqu'elle explique à Libé que :
Cela rentre en contradiction avec l’impératif de plus en plus lourd qui est de faire passer l’enfant d’abord : depuis que les femmes bénéficient de la contraception, on doit tout à l’enfant qui n’a pas demandé à naître, comme allaiter à la demande. Sous-entendu celles qui ne le font pas sont coupables, égoïstes. De la montée de l’individualisme et de l’accroissement des devoirs maternels naît ce conflit interne à chaque femme et qui a aussi des conséquences sociales fantastiques.
Il est seulement dommage que plutôt que de proposer une synthèse, elle semble opter pour l'un des deux penchants du conflits : le côté individualiste de la chose. Qui lui aussi, je crois n'a qu'une définition restreinte.
Et finalement, je trouve plutôt égoïste ce que revendique Badinter. Chercher à s'intégrer dans un système qui ne nous plaît pas - pour sa propre réussite sociale -, système qui nous éloigne de nos enfants et autres choses essentielles comme mettre en adéquation nos comportements avec les préoccupations écologiques actuelles. Plutôt que de se comporter en "homme", invitons les à devenir un peu plus "féminins". J'utilise ici les stéréotypes. Plutôt que de ne voir que sa propre réussite, prenons le risque de faire changer les choses. Un peu, juste pour voir.
En réalité, je trouve que c'est le féminisme de Badinter qui se fait vieux, je vois ça comme coincé dans un monde sur le déclin, un monde de lutte des classes, un monde où il faut toujours gagner plus pour être respectable alors que d'autres préoccupations naissent et amorcent peut-être un tournant dans la société et ses représentations, des préoccupations comme celles justement environnementales. Je ne pense pas qu'il faille chasser les premières (elles sont tout aussi pertinentes qu'il y a 50 ans) mais les coupler avec les secondes. Et c'est peut-être là que je trouve les propos de Badinter choquants, ils oublient la nuance.
Cécile Duflot à propos de la thèse de Badinter : « Tout faux. Rendre l'écologie responsable des carences héritées du monde patriarcal européen est tout à la fois erroné et stérile. »
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