25 avril 2009

Ce que tu veux pour toi, fais le pour les autres. (Calligraphie de Lassaâd Métoui)

.
.
C’est sec.
Dieu pourquoi m’as-tu faite si noire ?

Le dos de Lionel.
C’est sec, les racines vont prendre feu à la moindre étincelle. Et tu ne te souviendras plus de qui tu es.

Le Monde prendra feu lui aussi, à la fin.
Je marche et je sens les brins d’herbe sous mes pieds. Ils sont verts et humides. L’odeur de la terre arrive jusqu’à mes narines. C’est humide, c’est vivant, c’est fertile.

L’air est sec, c’est la nuit.

(Kateb Yacine.)

Il fait brûler mes racines et nous discutons d’idiomes inconnus dans l’ombre. Nous parlons, nous parlons énormément. Ma bouche est sèche et mon cœur humide.

« Yo me lo alegro por bulería. »

Sa bouche s’approche et je l’embrasse : j’ai l’impression que mon âme s’évade pour un voyage au profond de son corps. Ses mains sont chaudes.

S
a peau est claire et mes racines ont donné de l’ombre à mes yeux, mes cheveux sont une mer d’obscurité. Une mer sèche qui ondule. Ce sont mes yeux qui parfois deviennent humides malgré le feu que je voudrais y mettre.
Je me sens la même que ceux dont les racines brûlent. Avec nous, les adjectifs s’enfuient. S’enfuient, les mots s’enfuient et je les laisse



Partir.



23 avril 2009

Nouvelles du Front.

.

..

Ma copine Mathilde a aussi un nouveau blog.

.

Ma copine Mathilde veut écrire des articles de fond intéressants et publier des dessins à elle. La personne qui m'habite, c'est-à-dire moi même, se sent bien incapable de pareilles ambitions. Elle préfère rester dans le domaine des textes incompréhensibles :

.

.

Je ne suis que du carbone.
"C'est tout." me dis-je face à mon reflet.
C'est tout. Je n'ai rien à promettre
et aucune preuve à donner.

.




.

.
Y a des journées moins drôles que d'autres. Mais aujourd'hui au moins, j'ai appris que j'aimais la ville de Lyon que je fréquente quotidiennement.

Au moins pour son fleuve :
.
.
.

.

Hoy me dí cuenta de que no tenía pueblo

Y además,

Me impiden hablar el idioma que quiero

porque no me entienden

Me impiden pensar lo que quiero

por ser demasiado tonta

Me impiden hacer lo que quiero

porque no se conforma a su realidad

.

No tengo pueblo

.

Tengo un cuerpo Manos Una mente y un alma

.

Pachama explícame los secretos

Enseñáme a crear

.

No quiero jaula,

.

.

Olor a tierra mojada y caliente.

Nada más.


19 avril 2009

L'humanité.

Rien ne m’est plus douloureux que l’absence d’humanité. Rien ne m’est plus douloureux que lorsqu’en face de moi, se dresse une carcasse vidée de ce qui devrait l’animer, si sa croissance n’avait pas été avortée. Rien ne m’est plus douloureux que de sentir s’installer le même vide en moi ; à voir votre inhumanité, c’est mon humanité qui s’en va.

Qu’est-ce qu’idéalement un être humain ? La définition que mes expériences et réflexions me permettent d’en donner est relativement simple. Un être humain, c’est une âme, si ce que l’on dénomme âme est l’union de la Raison (esprit) et des Emotions. Et je crois que la méprise est souvent faite en ce qui concerne la Raison. Dans un sens peut-être utopique, la Raison n’a pas pour but un calcul quelconque – ce qui serait en réalité qualifié de rationnel et non pas de raisonnable – mais elle vise la justice puisque la justice est issue d’un raisonnement logique. Quant aux Emotions, elles se dirigent utopiquement vers une absence de sentiments ayant un lien direct ou indirect avec la souffrance. C’est ainsi que Raison et Emotions tendent selon moi vers l’Harmonie. L’âme utopique est harmonieuse. Dans ce cheminement, ses deux composantes agissent l’une sur l’autre, dans une réciprocité profonde.

Qu’est-ce que matériellement un être humain ? C’est un corps, en parfaite interaction avec l’âme. Et on le sait, rien n’est plus nécessaire à la santé d’un corps que l’Harmonie.

Atteindre l’utopie ne serait-il pas simple dans ces conditions ? Que se passe-t-il, qu’est-ce qui provoque en moi cet effroi, cette douleur ? Pourquoi notre humanité à tous est-elle en péril ?

Dans l’observation de mes alentours à laquelle je m’adonne parfois, j’avais notifié quelques mots : « Un SDF qui meurt dans la rue et Auschwitz, c’est la même chose ». En réalité non, ce n’est certes pas la même chose. Mais c’est la même logique, c’est le même sentiment dans ma poitrine. Une rafle en 1941 et une reconduite à la frontière en 2009 ce n’est pas la même chose. Mais c’est la même logique et toujours ce sentiment lancinant dans ma poitrine. Toujours ce même vide en moi.

Mais alors, que ce passe-t-il ? J’ai l’intuition que c’est le même schéma, la même histoire. C’est ce qu’il se passe lorsqu’à la place de l’humain, de sa Raison et de ses Emotions, c’est une autre logique qui s’installe. Le génocide, c’est une autre logique que l’humanité. Le capitalisme, c’est une autre logique que l’humanité. L’école, c’est une autre logique que l’humanité. L’école oui. Non pas l’éducation. L’école. L’école dans la mesure où elle répond à un besoin de compétitivité, dans la mesure où si je veux être meilleur, il faut que les autres me soient inférieurs.

Le génocide n’est pas humain dans la mesure où je mets ma Raison au service du calcul pour ma survie, pour la rentabilité du nombre de morts et l’épuration. Le capitalisme n’est pas humain dans la mesure où je mets ma Raison au service du calcul pour ma survie, mon enrichissement, ma place dans la société. L’école n’est pas humaine dans la mesure où je mets ma Raison au service du calcul en faveur de ma note, mon semestre, mon diplôme, mes crédits.

L’humain n’est pas seul. Il est un individu mais l’individu est un atome aussi bien qu’il est l’univers tout entier. L’univers est un atome parmi d’autres. Nous avons développé un besoin constant de tout diviser, de classer, de ranger dans des cases des fragments minuscules. Ce n’est pas l’Harmonie. L’Harmonie se fait dans la globalité. L’individu s’insert dans un tout et il est en même temps ce tout. Il est minuscule et immense. Mon constat de base qui voulait que face à une carcasse je me sente tout aussi vide est le résultat de l’oubli de cette globalité. Nous avons développé l’individualisme dans son sens le plus grossier.

Nous avons développé l’idée qu’il faille oublier ses Emotions, les oublier dans le but d’être productif, les oublier dans le but de rentabiliser.

Nous avons développé l’idée que la Raison serve à calculer, à calculer dans le but d’être productif, à calculer dans le but de rentabiliser.

Nous avons oublié d’être humain et avons remplacé notre humanité par un système autre. Un système exogène à nos êtres qui crée par essence la peur en nous, la peur de ne pas être suffisant, de ne pas être à la hauteur. La peur de ne pas être assez rentable ni productif, et cela jusque dans le lieu où nous aurions dû nous éduquer.

Nous avons développé cette peur qui nous empêche de changer. Les systèmes exogènes se nourrissent d’eux-mêmes grâce à cette peur.

.

.

Retournons à l’humanité, système antisystème, système où nous ne pourrions qu’être à la hauteur puisqu’il est le fondement de nos existences et ce que nous sommes. Puisqu’il est l’Harmonie dans laquelle, sans peur ni effort, nous pourrions évoluer.


Intuition.

« Avec nos avions qui dament le pion au soleil, avec nos magnétophones qui se souviennent de "ces voix qui se sont tues", avec nos âmes en rade au milieu des rues, nous sommes au bord du vide, ficelés dans nos paquets de viande, à regarder passer les révolutions. Le seul droit qui reste à la poésie est de faire parler les pierres, frémir les drapeaux malades, s'accoupler les pensées secrètes. »
.
Léo Ferré
.
.

.
.

J’ai éteint la lumière et j’ai dansé dansé dansé
Dansé sans ordre ou logique
J’ai trébuché dans mes rêves
.
.
Pour être franche, j’ai besoin de dire ce que je suis au Monde. J’ai besoin de créer mon être en l’écrivant. J’aime à dire que je construis ma « légende personnelle ». Je ne sais si en agissant ainsi, je ne fais que paraitre. Peut-être a-t-on trop tendance à confondre le paraitre et la construction d’un être authentique.
Ce qui est beau chez les femmes que j’admire, c’est la manière dont elles dévorent leur douleur pour en vivre, c’est la manière dont les rend heureuse la force qu’elles utilisent pour y parvenir.
.
.
.
.
.
Je veux vivre et aimer.
Puis mourir quand il sera temps.
Avec beauté.